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Glaucome

À Retenir

Le glaucome est une pathologie insidieuse et complexe qui nécessite une prise en charge rigoureuse et continue en raison de l’absence de symptômes (ni douleur, ni rougeur, ni baisse de vision ressentie). Sans un examen et un suivi rigoureux, il est possible que des glaucomes passent inaperçus jusqu’à un stade tardif de la maladie. Néanmoins, le dépistage systématique lors de chaque contrôle chez votre ophtalmologiste permet la mise en place d’un protocole de traitement personnalisé, comprenant des collyres, des interventions au laser ou chirurgicales, et un suivi régulier. Avec le traitement, il est possible de ralentir ou d’arrêter la progression de la maladie et de préserver la vision. Si vous êtes diagnostiqué avec un glaucome, il est donc essentiel de collaborer étroitement avec votre ophtalmologiste pour gérer la maladie et maintenir une bonne qualité de vision pendant de nombreuses années.

Qu'est-ce que le Glaucome ?

Le glaucome, ou neuropathie optique glaucomateuse, est une maladie oculaire chronique qui endommage le nerf optique, généralement en raison d’une pression intraoculaire (PIO) élevée. Cette pathologie est l’une des principales causes de cécité irréversible dans le monde, mais elle peut être prise en charge efficacement si elle est détectée précocement. 

Il existe plusieurs types de glaucome, les plus courantes chez l’adulte étant le glaucome chronique à angle ouvert et le glaucome à angle fermé. Le glaucome chronique à angle ouvert, est asymptomatique, ce qui le rend particulièrement dangereux car il peut progresser silencieusement pendant des années avant que la perte de vision soit notable et irréversible.

1. Diagnostic et Consultation Initiale

Lors de la consultation initiale, votre ophtalmologiste réalise plusieurs examens pour confirmer le diagnostic de glaucome et évaluer l’état de votre nerf optique.

  • Mesure de la pression intraoculaire (PIO) : La tonométrie à l’air ou à l’aplanation est utilisée pour mesurer la pression intra oculaire. Une PIO élevée est un facteur de risque majeur pour le glaucome. Cette mesure est ajustée à celle de l’épaisseur cornéenne (pachymétrie). Néanmoins, il existe des formes de glaucome avec des PIO dites “normales” ou “glaucome à pression normale”. Cela représente au moins 20% des patients.
  • Examen anatomique du nerf optique : L’ophtalmologiste examinera l’apparence du nerf optique à l’aide d’un fond d’œil, d’une photographie du fond d’œil et d’une tomographie par cohérence optique (OCT). Les signes de dommages incluent une excavation du nerf optique (ratio cup/disc élevé), une perte en fibres nerveuses et/ou en cellules ganglionnaires.
  • Champ visuel : Un test de champ visuel automatisé (périmétrie) est effectué pour évaluer la perte de vision périphérique, qui signe souvent les premières conséquences fonctionnelles de cette maladie. Quand le champ visuel est altéré, et que les images de la rétine sont également anormales de façon corrélée, un traitement devient indispensable. Dans certains cas,  il peut exister une discordance anatomo-fonctionnelle.
  • Gonioscopie : Cet examen permet de visualiser l’angle iridocornéen, où le liquide intraoculaire s’écoule de l’œil, pour déterminer le type de glaucome (angle ouvert ou fermé, pigmentaire, pseudo-exfoliatif). Il est parfois complété d’une échographie de l’angle irido-cornéen dit UBM, pour apprécier la dynamique de fermeture de l’angle. Cet examen va conditionner la suite de la prise en charge et notamment d’un éventuel traitement par laser.

2. Prise en Charge Personnalisée

Le traitement du glaucome vise principalement à réduire la pression intraoculaire pour ralentir ou arrêter la progression des dommages au nerf optique.

    • Traitement médicamenteux : Les collyres sont généralement la première ligne de traitement. Il existe 4 principes actifs : les bêtabloquants, les prostaglandines, les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique, et les alpha-agonistes. Ces médicaments agissent soit en réduisant la production de liquide intraoculaire, soit en augmentant son évacuation.
    • Iridotomie périphérique au laser YAG: En cas de découverte d’un angle irido cornéen fermé, ou pigmenté, surtout chez les patients n’ayant pas encore été opéré de la cataracte, il faudra sûrement réaliser une séance de laser. L’iridotomie périphérique consiste à perforer sur une toute petite zone l’iris en périphérie afin de permettre au liquide présent dans la partie antérieure de l’oeil de circuler librement et de ne pas entraîner un blocage pupillaire. Dans le cas contraire, il y a un risque important de crise de glaucome aigu par fermeture de l’angle : une poussée tensionnelle très rapide causant des douleurs majeures et une baisse d’acuité visuelle brutale et rapidement irréversible.
    • Trabéculoplastie au laser : Cette intervention utilise un laser pour induire des modifications de l’architecture du trabéculum, améliorer l’évacuation du liquide intraoculaire et ainsi abaisser la PIO. Elle est utilisée en première intention, ou en complément des collyres, surtout en cas de réponse insuffisante au traitement médicamenteux. Cette procédure peut être renouvelée dans le suivi.
    • Chirurgie filtrante : Trabéculectomie ou sclérectomie profonde non perforante. Lorsque les médicaments et les traitements au laser ne parviennent pas à contrôler la PIO, une chirurgie peut être nécessaire. La trabéculectomie (technique de référence) crée une nouvelle voie de drainage pour le liquide intraoculaire, réduisant ainsi la pression. Il existe des variantes chirurgicales, dont l’indication est décidée selon le cas spécifique de chaque patient.
    • Implant de drainage : Dans certains cas avancés ou réfractaires, un dispositif de drainage (shunt) peut être implanté pour faciliter l’évacuation du liquide et contrôler la PIO.

3. Suivi Régulier

Le glaucome est une maladie chronique qui nécessite un suivi régulier tout au long de la vie pour surveiller la progression et ajuster le traitement en conséquence.

  • Visites de suivi : Des consultations régulières, généralement tous les 3 à 6 mois, sont nécessaires pour surveiller la PIO, évaluer la progression des dommages au nerf optique, et ajuster le traitement si nécessaire.
  • Tests de champ visuel et OCT : Ces examens sont régulièrement répétés pour détecter tout changement dans la vision périphérique ou l’état du nerf optique. Pendant les deux premières années, il n’est pas rare de devoir refaire les examens tous les 4 à 6 mois.
  • Adhérence au traitement : Il est crucial de suivre scrupuleusement le traitement prescrit, car toute interruption pourrait entraîner une augmentation de la PIO et une progression rapide des dommages du nerf optique.

4. Prévention

L’éducation du patient joue un rôle clé dans la gestion du glaucome. Comprendre la maladie et l’importance du traitement aide à prévenir la progression de la maladie.

  • Hérédité : Le glaucome est une pathologie pour laquelle l’hérédité est un facteur de risque. Les descendants et les frères et sœurs de patients atteints de glaucome doivent être dépistés.
  • Sensibilisation aux symptômes : Bien que le glaucome soit souvent asymptomatique, il est important de connaître les signes avant-coureurs d’une progression, tels qu’une vision floue, des douleurs oculaires, ou une vision en tunnel (réduction du champ visuel).
  • Gestion des facteurs de risque cardiovasculaire : Si vous avez d’autres facteurs de risque comme l’hypertension artérielle, le diabète ou le syndrome d’apnée du sommeil, une gestion rigoureuse de ces conditions est essentielle pour limiter la progression du glaucome.

5. Surveillance et Soutien à Domicile

Le glaucome, bien que gérable, peut entraîner des changements dans votre vision qui nécessitent des adaptations pour maintenir une bonne qualité de vie.

    • Aides visuelles : Si la vision est affectée, des aides visuelles comme des lunettes spéciales, des loupes ou des dispositifs électroniques peuvent être nécessaires pour faciliter les activités quotidiennes.
    • Réhabilitation visuelle : Des programmes de réadaptation peuvent être proposés pour aider à maximiser l’utilisation de la vision restante, en particulier si le champ visuel est réduit.
    • Adaptations à la maison : Pour ceux dont la vision est significativement altérée, des adaptations à domicile, comme un éclairage amélioré et des marqueurs tactiles, peuvent aider à maintenir l’autonomie.